extrait de la série en cours contenant 80 photographies
Cette série, de photographies argentiques, a commencée en 2005 et continue d’évoluer au fil des jours.
Tout au long de ces années, le texte « pays noir » du poète hongrois Mihaly Babits est devenu une ritournelle m’accompagnant dans mes déambulations, entre Bordeaux, Bilbao, Bruxelles, Liège, Paris etc… où résonne, à chaque prise de vue, la dernière phrase de son poème :
«[…] l’ossature de la terre est noire à l’intérieur, ce n’est pas la lumière qui peint la couleur noire, non, noire est l’âme cachée de la matière »
J’entends ce travail comme une forme de dérive poétique où l’errance, lente, oisive et sans but, fait écho à nos changements civilisationnels, numériques et climatiques.
Ma démarche photographique vise à capter un temps suspendu, grouillant et halluciné, amenant à la contemplation de ce qui fait empreinte et de ce qui s’évanouit, où le passé se mélange au présent.
Le sensible de l’impression lumineuse joue sur l’apparition et la disparition, la figuration et l’abstraction, la limite vibratile de la vie et de la mort.
Présence, absence, fantôme, vertige des vestiges, le passé susurre à l’image présente son avenir dans un savoir mouvant, fragmenté et existentiel.
Ce projet est à la fois une quête poétique questionnant notre rapport au monde, entre rêve et réalité, et une recherche de l’objet de représentation qu’est la photographie. Une recherche de la vibration, du vacillement de la représentation et une poétique de la matière lumineuse.